Philippe Osswald - Ingénieur chargé de la protection des milieux naturels au service Environnement et Innovation de la Chambre d’Agriculture d’Alsace
A ce titre il accompagne les agriculteurs pour mieux concilier leur activité avec différents enjeux environnementaux : Natura 2000, espaces naturels protégés, zones humides…
Quelle est votre mission dans le cadre du LIFE Alister ?
Je contribue aux actions agricoles du projet LIFE ALISTER qui visent à concevoir et expérimenter avec les agriculteurs, des techniques d’agriculture de conservation des sols. Ces actions sont menées en étroite collaboration avec l’ONCFS qui cherche à mesurer l’impact de ces techniques sur la survie du hamster, mais aussi avec de nombreux agriculteurs dont une quinzaine d’entre eux regroupés au sein de la CUMA de la plaine.
Je m’occupe aussi de la coordination et de la mise en œuvre des actions agricoles du plan national d’action hamster. Avec mes collègues de la Chambre d’Agriculture, j’accompagne et j’anime l’association AFSAL (Agriculteurs et Faune Sauvage Alsace) qui regroupe 150 agriculteurs engagés dans des mesures agri-environnementales en faveur de la préservation du hamster. Ils se retrouvent plusieurs fois par an pour décider ensemble de la localisation des cultures favorables au hamster, en essayant de les placer à proximité des terriers recensés par l’ONCFS. Ces réunions permettent de nombreux échanges sur le grand Hamster, et associent l’ONCFS et d’autres services de l’Etat (DDT et DREAL). On y parle des assolements agricoles, de l’évolution des populations de hamster, et des actions du projet LIFE ALISTER, parfois des mesures compensatoires à mettre en œuvre pour avoir le droit de construire un bâtiment.
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans cette mission ?
Je suis témoin que l’on considère souvent les agriculteurs comme un problème lorsque leurs pratiques ne tiennent pas compte du milieu naturel dans lequel elles s’exercent. Durant les décennies passées ils ont montré qu’ils étaient capables d’évoluer pour répondre aux injonctions de la politique agricole européenne et aux attentes de la société et je suis convaincu qu’ils sont aussi la solution à de nombreux enjeux. Ils ont une approche pragmatique des problèmes et détiennent des savoir-faire très utiles pour mettre en place des actions concrètes sur le terrain. C’est très stimulant, mais aussi singulièrement complexe de gérer collectivement un territoire et d’évoluer vers des techniques agricoles innovantes. Mais les travaux menés dans le cadre du projet contribuent à construire des systèmes agricoles qui à l’avenir pourront répondre à d’autres enjeux comme la lutte contre l’érosion, l’adaptation au changement climatique ou le renchérissement de l’énergie et des intrants agricoles. Un peu partout des agriculteurs essaient des choses pour aller dans cette direction. Faire un pas supplémentaire pour mieux contribuer au maintien de la biodiversité est sans doute aussi possible, et utile !
Qu’est-ce que ce travail en partenariat vous a apporté ?
C’est une démarche intéressante pour tenter d’aborder la question du hamster de manière avant tout technique et scientifique, plutôt que passionnelle ou politique. J’ai beaucoup appris au contact des partenaires qui viennent d’horizons très différents et le partenariat permet de croiser nos regards sur ce petit animal, nuisible pour certains, symbole d’un patrimoine à protéger pour d’autres, ou objet d’étude scientifique qui n’a pas fini de nous livrer ses secrets.
Un souhait pour la suite ?
Pouvoir continuer à compter sur des agriculteurs de bonne volonté, et voir un jour nos efforts récompensés !