De l’étude du comportement à la création du T.A.P
18 janvier 2019L’étude du comportement des animaux est indispensable pour comprendre l’inadaptation de certains équipements et la conception de solutions. En ce qui concerne les passages à faune, largement répandus en Alsace, pour permettre aux animaux de franchir les barrages que constituent les routes, c’est en observant l’activité autour de ces équipements que les chercheurs en ont déduit leur inefficacité pour la petite faune, voire leur dangerosité.
Des passages mortels
Les passages à faunes peuvent avoir plusieurs dimensions, ce sont parfois des tunnels accueillant une voie pour les engins agricoles. En étudiant de plus près la fréquentation de ces équipements, il s’est avéré que la petite faune n’empruntait que très peu des passages de grandes dimensions pour le sentiment d’insécurité qu’elle y ressent. Elle préfère des passages plus étroits. Les passages plus étroits peuvent quant à eux être parfois des pièges mortels à l’extrémité desquels des prédateurs rusés (chats, renards…) attendent les espèces proie que sont les Grands hamsters mais également les mulots ou autres micromammifères (Etude de J. Jumeau et Y. Handrich, CNRS-DREAL, 2013).
Une idée lumineuse
Comment permettre à ces petits animaux de franchir ces passages en limitant leur risque de prédation ? L’idée fut de créer un dispositif permettant de compléter les passages à faune existants. Un tube par lequel l’animal pourrait traverser en se sentant en sécurité ou au moins s’y réfugier en cas de danger imminent. Ce fut l’objet des travaux de l’équipe de Yves Handrich dans le cadre du LIFE Alister (M. Tissier, J. Jumeau & Y. Handrich, CNRS-DREAL, Life ALISTER, 2013-2017). Le tube dont le diamètre a été dimensionné pour le passage du Grand hamster a été percé d’entrées latérales pour permettre à ces animaux proies d’y pénétrer à tout moment lors de la traversée du passage à faune.
Un dispositif testé en laboratoire et en enclos sur site naturel
Le T.A.P (tube anti-prédation) a été testé en conditions de laboratoire avec ou sans confrontation à un prédateur vivant (immobile ou mobile). Il a été testé aussi dans un passage à faune dont les deux extrémités sont grillagées. Les Grands hamsters y vivent en quasi liberté. Comme ces animaux reprennent rapidement leur comportement sauvage, cette situation permet de les observer en situation quasiment réelle, telle que cela se passerait dans la nature.
Quels sont aujourd’hui les résultats de ces tests ?
Pour les Grands hamsters :
- Dans les Hamstéroducs, l’ajout du TAP n’augmente pas significativement la vitesse de traversé
- En présence du prédateur, les mâles utilisent le TAP plus souvent, pas significatif chez les femelles
- Réponses d’individus ‘acclimatés à un stage nature’ mieux adaptées (résultats non-encore publiés)
Pour la petite faune associée :
- Augmentation des traversées en présence du TAP significative uniquement pour les grands passages
- Les micromammifères utilisent volontiers le TAP, mais aussi les hermines et les belettes.
- Ces résultats sont globalement suffisamment probants pour que le CNRS publie des recommandations
- Les TAP, peu couteux et simples d’entretien, doivent être installés dans tous les passages à faune des zones à hamster et dans les passages inférieurs agricoles
- Il faut continuer les tests sur une faune plus élargie avant de généraliser leur installation dans tous types de passage petite faune
L’équipement futur en TAP des passages à faune en zone hamster sera proposé à la DREAL Route (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) dans le cadre du prochain PNA (Plan National d’Actions) en faveur du Grand hamster.