Du comptage d’Alouettes des champs au Grand hamster
18 janvier 2019De 2014 à 2017, la LPO Alsace a contribué au programme Life+ ALISTER mis en place pour faire face au déclin du Grand hamster (Cricetus cricetus), à travers un suivi de l’Alouette des champs (Alauda arvensis). Ce dernier avait pour objectif d’évaluer l’impact des mesures de protection prises pour le Grand Hamster sur la nidification et les haltes migratoires de l’alouette.
Un recensement des couples d’alouettes des champs a été réalisé au printemps sur des secteurs de 100 ha en moyenne, incluant les parcelles avec mesures agricoles favorables au Grand Hamster, ainsi que sur des secteurs témoins sans mesures. En automne, un dénombrement de l’espèce en halte migratoire sur ces mêmes parcelles a également été effectué.
Au cours de 4 années du programme, 8 zones de 100 ha ont été suivies au printemps et en automne.
Les densités en couples nicheurs, bien que très différentes en fonction des zones, ont été analysées à l’aide d’outils statistiques, ainsi l’étude a mis en évidence :
- Une corrélation positive entre la taille des parcelles et la densité en alouettes, plus le parcellaire agricole est petit plus la densité est importante. L’effet bénéfique des petites parcelles, qui augmentent le nombre de bordure de champs (effet lisière), a déjà été montré sur l’abondance des insectes pollinisateurs et des plantes (Hass & al., 2018).
- Une faible densité en alouettes sur toutes les zones suivies : en Europe, la surface du territoire de l’Alouette des champs varie entre 0,17 et 4,6 ha (période 1980-1990 – Géroudet et Cuisin, 1998). Or, dans le cas de cette étude pour l’année 2015, la surface du territoire varie entre 5,29 et 12,06 ha. Ce faible niveau s’explique par une disparation généralisée de son milieu de vie, mais aussi par la circulation routière qui induit une forte perturbation sonore en période de nidification (Buxton R. T. et al., 2017). Les sites suivis se trouvaient pour la majorité à proximité d’autoroute.
- Un impact positif des mesures agricoles hamster sur la densité en alouette (24% d’une surface donnée doivent être cultivés en trèfle, luzerne et blé)
- En complément, le suivi en migration montre que les parcelles avec mesures ne sont pas fréquentées lors des haltes migratoires et ce tout au long de l’étude, car le couvert cultural est trop dense pour l’espèce. En effet, une étude (Eraud & Corda, 2004) sur l’utilisation nocturne en hiver des parcelles a montré que les alouettes sont plus abondantes lorsque la hauteur de végétation est comprise entre 1 et 10 cm et lorsque le recouvrement de la végétation est compris entre 10 et 75 %. A contrario, les parcelles dénuées de végétation sont évitées, le labour est par conséquent défavorable.
Ainsi, ce travail a donné lieu à des propositions qui seront bénéfiques à tout le cortège faunistique des milieux agricoles :
- Diminuer davantage la taille des parcelles agricoles,
- Augmenter le taux de cultures favorables et très favorables comme les jachères,
- Supprimer l’utilisation des pesticides,
- Ne pas laisser le sol nu en période automnale et hivernale,
- Mettre en place des « carrés à alouettes[1] » pour démultiplier l’effet lisière.