Le Guide de recommandations est achevé !
18 janvier 2019Parmi les différentes actions du LIFE Alister, un des axes de préservation de l’espèce est particulièrement innovant. Il s’agit de la recherche de nouvelles opportunités de développement de l’espèce et plus précisément de l’identification de zones potentielles d’introduction de l’espèce en milieu périurbain. Cette piste a été motivée par le fait que dans quelques pays d’Europe, le Grand hamster cohabite avec les citadins, parfois en plein cœur de la ville comme à Vienne. Cet axe a fait l’objet d’une étude dirigée par Odile Petit du CNRS et se concrétise notamment par la rédaction d’un guide à destination des aménageurs et des collectivités.
La reconnexion de population de Grands hamsters
Une des raisons de la diminution des populations de Grand hamsters provient du morcellement du territoire. Dans une plaine alsacienne à forte densité de population, d’infrastructure routière et d’urbanisation grandissante, l’animal a un territoire réduit et surtout peine à trouver ses congénères pendant la période de reproduction. Il est donc indispensable que ces différentes populations de hamsters puissent être reconnectées soit par des passages à faune (infrastructures routières) soit par l’utilisation possible du milieu périurbain*qui permettraient de faire le lien entre les zones agricoles, lieu d’habitat naturel du Grand hamster. Une étude menée par le CNRS de 2016 à 2018 comprenant plusieurs phases, en situation contrôlée au centre d’élevage et ensuite sur le terrain, amène aujourd’hui l’équipe d’Odile Petit à penser que les zones périurbaines présentent un intérêt dans le cadre d’une action de reconnexion des populations et sous certaines conditions au regard de la législation en vigueur.
Des contraintes liées à l’animal
Lâcher des Grands hamsters d’élevage pour participer au renforcement des populations sauvages ne se fait pas sans connaître l’animal, sans respecter ses besoins mais également la règlementation qui encadre une espèce protégée. Le Grand hamster est un animal nocturne hibernant qui a besoin de se protéger des prédateurs, de se nourrir et de constituer des réserves indispensables à son hibernation, pour cela il doit pouvoir bénéficier d’un environnement végétal adapté et de zones de quiétude. Les caractéristiques du sol semblent également revêtir un aspect essentiel pour l’installation du terrier. En Alsace, on le trouve principalement dans les sols riches en lœss, mais l’étude a montré qu’il peut s’adapter et s’installer sous un arbre où le sol a été aéré par le système racinaire. Le guide donne une synthèse des recherches menées comprenant les aspects documentaires, les expérimentations en laboratoire (impact de la pollution lumineuse sur la santé et reproduction de l’animal), et l’expérience de lâchés sur deux sites alsaciens. Il se termine également par des fiches-action très précises sur les recommandations d’aménagements tels que les prairies fleuries, l’éclairage ou encore les systèmes d’évacuation d’eau (pièges mortels pour toute une petite faune).
En conclusion, les Grands hamsters en périurbain, c’est possible ?
Cette étude complètement inédite montre aux scientifiques et gestionnaires des questions environnementales que les pistes de réflexion sur la thématique de « la nature en ville » doivent être explorées. Ce n’est peut-être pas la façon de protéger une espèce à privilégier car la priorité doit être donnée à une préservation de l’animal dans son habitat naturel. Mais la conservation des espèces peut être réalisée par des actions complémentaires et dans ce contexte, il pourrait être intéressant d’utiliser le milieu périurbain pour reconnecter des populations dont la fragmentation de territoire due à l’urbanisation représente un véritable problème de survie. Des études supplémentaires seront à réaliser afin de vérifier la capacité des Grands hamsters à se reproduire en milieu périurbain.
Le Guide est en téléchargement ici : Livrable n°49 – Guide de recommandations LIFE ALISTER- Livrable final (2)
*Par zone périurbaine , il est ici entendu les espaces artificialisés, bâtis ou non, en relation directe avec des zones agricoles (de préférence protégées au titre de l’arrêté du 9 décembre 2016 relatif à l’habitat du Grand hamster)