- Directrice de recherches au Département d’Ecologie, Physiologie et Ethologie de l’IPHC et actuellement responsable de l’équipe Ethologie Evolutive.
C’est une spécialiste du comportement animal. Elle étudie des espèces à la fois en captivité et en milieu naturel.
Comment êtes-vous arrivée dans ce programme ?
Un peu par hasard … J’ai participé en tant que représentante de mon département de recherche à l’élaboration du nouveau Plan National d’Actions pour la préservation du Hamster d’Europe. Ces discussions regroupaient des partenaires d’horizons très différents et j’ai apprécié la qualité des échanges et le consensus auquel nous étions arrivés. C’est dans ce contexte que le programme Alister est né et j’ai souhaité participer à cette aventure.
Dans quel axe du projet êtes-vous impliquée ?
Au moment de la construction du projet, avec ma collègue Christiane Weber (Directrice de recherches au CNRS), nous avons repris l’idée fort intéressante émise par une collègue de la ville de Strasbourg de concilier aménagement urbain et protection de l’espèce. En effet, mettre la ville au service de la nature permet d’envisager de nouvelles pistes dans le domaine de la biologie de la conservation.
Notre travail s’inspire d’exemples européens (notamment ceux de Vienne en Autriche où des hamsters vivent dans des zones urbanisées depuis plus de 20 ans, sans contrainte particulière pour la population riveraine) et a pour but de déterminer des solutions viables de co-présence entre le hamster et l’humain.
Concrètement, nous souhaitons réaliser des expérimentations grandeur nature où des hamsters seraient relâchés puis suivis dans ces environnements avec l’objectif d’évaluer leur capacité d’adaptation et l’acceptation de la présence de l’espèce par les habitants ou usagers de ces zones. Cela implique que les sites de lâcher soient suffisamment grands, peu bétonnés, offrant de larges espaces verts, avec une circulation nocturne faible voire nulle, idéalement situés pour offrir un potentiel de reconnexion avec des populations résiduelles et/ou d’expansion (c’est-à-dire étant entourés de cultures favorables à l’espèce).
L’Alsace est un territoire idéal pour mener une telle expérimentation de par sa vocation à protéger l’espèce.
Quelle est votre ambition pour ce projet ?
Réussir une introduction d’hamsters en milieu péri-urbain en Alsace révolutionnera sans aucun doute la vision classique de la préservation des espèces en réconciliant l’homme de la ville avec une nature encore sauvage. Quelle que soit l’issue de cet axe, il est indéniable que nous impulserons avec nos travaux une nouvelle vision de la conservation des espèces.
Je suis parfaitement consciente qu’une telle démarche se doit d’intégrer toutes les parties prenantes dans la réalisation du projet de manière à identifier et mettre en place des solutions adaptées et pérennes, qui tiennent compte des enjeux socio-politico-économiques du territoire. Pour atteindre cet objectif, il nous faut trouver des communes qui accepteraient le principe d’un lâcher de hamsters dans leurs zones péri-urbaines afin de construire ensemble des solutions pour la sauvegarde de l’espèce au sein d’un paysage urbanisé.