Charlotte Kourkgy – Ingénieur agronome et master en écologie – Chargée du projet LIFE + ALISTER – ONCFS
Du loup au Grand Hamster, c’est plutôt curieux ?
Je suis arrivée à l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage en 2011, pour mon stage de Master. En discutant avec mes collègues, j’ai appris qu’il y avait, en Alsace, un rongeur peu commun qui faisait beaucoup parler de lui. Comme le loup que j’avais étudié auparavant, le Grand Hamster posait la problématique de la cohabitation entre l’activité des hommes et la place de la nature. Travailler pour la conservation d’une espèce considérée autrefois comme nuisible est un défi que je souhaitais relever !
Pourquoi as-tu intégré le projet LIFE ALISTER et quelle est ta mission au sein de ce programme ?
Je crois que le plus grand challenge dans la préservation du Grand Hamster, c’est d’arriver à concilier les besoins de tous les acteurs concernés. Certains le voient comme un frein au développement urbain et économique local, et d’autres comme un merveilleux indicateur du bon état écologique du milieu agricole, une espèce parapluie dans notre jargon. Je pense qu’intégrer ce programme multi-partenarial, c’est se confronter à tous ces points de vue, et sortir du confort de son propre « terrier » !
Je travaille en étroite collaboration avec la Chambre d’agriculture de région Alsace. Nous cherchons à développer des pratiques agricoles qui soient plus favorables à l’espèce. Mon rôle est de suivre les hamsters dans leur milieu naturel, afin de savoir si l’habitat que l’on modifie via des pratiques dites innovantes, leur convient.
En quoi consiste ce suivi ?
Dès le mois d’avril, lorsque les hamsters sortent d’hibernation, nous tentons de les capturer et de les marquer afin de pouvoir les reconnaître lors des captures suivantes. Les femelles sont équipées d’émetteurs qui nous permettent ensuite de les localiser et d’identifier le terrier où elles sont susceptibles d’élever leurs jeunes. Nous posons ensuite des pièges photos, qui se déclenchent s’il y a un mouvement autour du terrier, afin de vérifier la présence de jeunes.
Si nous arrivons à démontrer que les femelles vivant dans une pratique agricole améliorée survivent plus longtemps et ont un taux de reproduction meilleur que dans une pratique conventionnelle (plus de jeunes pendant la saison d’activité), alors nous pourrons valider le fait qu’elle est favorable à l’espèce.