Pourrait-on s’affranchir de la contrainte du sol pour réintroduire des Grands hamsters en milieu sauvage ?
15 février 2017Une des innovations du projet LIFE ALISTER réside dans la recherche de nouvelles opportunités de développement pour l’espèce tout en essayant de concilier deux contraintes a priori difficilement compatibles : le développement urbain et la protection du Grand hamster. L’idée consiste à la fois à envisager la ville comme un écosystème au service de la conservation de l’espèce, et à ne plus considérer l’animal en ville comme une nuisance.
Pour preuve, le Grand hamster montre une certaine capacité d’adaptation puisque des populations occupent ou ont occupé des zones urbanisées de certains pays d’Europe* (Ukraine, Autriche, Pologne, Slovénie, République tchèque, Russie, Allemagne) : jardins, vergers, parcs urbains, cimetières. Il serait par conséquent possible d’envisager la réintroduction d’animaux en zones périurbaines (où le dérangement anthropique est limité : activités de jour, sans animaux domestiques, éclairage nocturne** etc.), proches de secteurs où des terriers de hamsters ont été décomptés au cours des dernières années.
Cependant, les caractéristiques des sites potentiels d’introduction sont très contraignantes (principalement en termes d’humidité et de constitution du sol liée à la proximité de la Bruche) et limitent les possibilités en milieu péri-urbain. Une solution serait de s’affranchir de cette contrainte du sol en aménageant des terriers artificiels. Quatre prototypes de terriers artificiels sont actuellement testés par le CNRS, dans des enclos extérieurs. L’objectif est de vérifier si les Grands hamsters peuvent s’adapter à ces terriers, y hiberner et s’y reproduire. La qualité de l’hibernation devrait conditionner le succès reproducteur des individus qui, on le sait, est la clé de la stabilisation des populations de manière pérenne, en Europe de l’Ouest (Leirs, 2003***).
Il existe peu de données sur cette espèce, notamment en ce qui concerne son terrier : sa taille réelle, le nombre de chambres, le nombre d’ouvertures vers l’extérieur ainsi que les conditions optimales pour une bonne hibernation et pour le stockage de la nourriture
Aménagement et mise en place des enclos
Piège photo : les animaux font leurs réserves en prévision de la période d’hibernation
* Pour exemple, dans le parc d’un hôpital en plein centre de Vienne
** Etude de l’impact de la pollution lumineuse sur les Grands hamsters (CNRS)
***Leirs, H., 2003. Conservation advices based on rodent pest biology : the case of the hamster. In : Mercelis, S., Kayser, A. & Verbeylen, G. (eds.) : The hamster (Cricetus cricetus, L. 1758) : ecology, policy and management of the hamster and its biotope