Rencontres sous haute-surveillance
7 mai 2018L’hibernation et la reproduction sont deux périodes critiques dans la vie du Grand hamster. Pour que les populations parviennent à se stabiliser, il faut qu’elles soient capables de passer l’hiver, et donc de constituer des stocks suffisants de nourriture adaptée à leurs besoins durant cette période. Au printemps, à la sortie du terrier, elles doivent être en mesure de se reproduire et de faire suffisamment de petits pour résister au taux de mortalité important de cette espèce proie.
Dans le cadre du projet LIFE Alister, le CNRS travaille sur les régimes alimentaires les mieux adaptés aux besoins du Grand hamster. Ces travaux sont menés par Florian Kletty, doctorant à l ‘IPHC, sous la direction de Caroline Habold chercheure à l’IPHC et responsable du Département d’Ecologie, de Physiologie et d’Ethologie (DEPE). Ils prennent la suite de ceux réalisés par Mathilde Tissier qui avait révélé les dangers de la carence en vitamine B3 lors d’une alimentation quasi-exclusive en maïs.
Les Grands hamsters (mâles et femelles) ont été soumis à différents régimes alimentaires pendant leur hibernation (voir ci-dessous). Ils viennent d’en sortir et les chercheurs vont procéder à la mise en contact en vue de la reproduction.
La mise en reproduction des Grands hamsters doit s’effectuer après avoir contrôlé qu’ils sont prêts. En effet, le cycle annuel des animaux hibernants se divise en deux périodes totalement opposées au plan hormonal que sont l’hibernation et la reproduction. Durant la période d’hibernation, on observe une atrophie des organes sexuels : les testicules des mâles se réduisent et l’ouverture vaginale des femelles se ferme. Il est impératif de vérifier que les animaux soient de nouveau prêts à la reproduction avant de les mettre ensemble. Dans le cas contraire, ils pourraient être très agressifs l’un envers l’autre.
Les couples sont formés d’animaux ayant le même régime alimentaire et n’ayant pas de lien de parenté entre eux. Ils demeureront ensemble 10 jours (période pendant laquelle la femelle sera au moins 2 fois en chaleur). Ensuite les femelles resteront avec leurs petits jusqu’au sevrage. Les petits garderont les régimes alimentaires de leurs parents après sevrage.
Vérification, sous légère anesthésie, de la maturité des organes sexuels des femelles et des mâles.
Lors des naissances des petits, les chercheurs observeront des indications importantes pour l’étude : le nombre de jeunes par portée et leur taux de survie. Afin de ne pas stresser les femelles, les petits ne sont pas touchés, c’est seulement après quelques jours que les jeunes pourront passer leur « visite médicale » : taille et poids.
C’est par le haut que les chercheurs pourront observer les femelles et les petits dans leur nid (cylindre en PVC)
Pour que ces recherches aient un sens dans une mise en application en plaine d’Alsace, et constituent ainsi une solution pérenne de sauvegarde du Grand hamster,il faut également que les cultures adaptées à l’animal présentent un intérêt pour les agriculteurs, d’un point de vue agronomique et économique. Pour cette raison, le choix des aliments testés au CNRS s’est fait en collaboration avec les agriculteurs. Ainsi les mélanges testés sont les suivants :
- blé/pois
- maïs/pois
- colza/sarrasin
- colza/féverole
Certains de ces essais d’association de culture sont parallèlement testés en plein champs et les résultats étudiés par la Chambre d’agriculture d’un point de vue agronomique, et par l’ONCFS pour le suivi des populations de Grands hamsters dans les parcelles.
Interviews des chercheurs ICI