Semer un couvert végétal le plus rapidement possible après moisson pour améliorer l’habitat du Grand hamster !
16 novembre 2016Dans le cadre des actions LIFE ALISTER visant à améliorer l’habitat du hamster, les partenaires du LIFE cherchent des pratiques agricoles permettant de garantir la présence d’un couvert végétal pendant toute la durée de la saison d’activité du rongeur (avril à octobre). Cette végétation permettrait au Grand hamster de se nourrir mais aussi de se cacher des prédateurs.
Le couvert végétal, dont l’implantation est par ailleurs obligatoire dans le cadre de la préservation des sols, pourrait jouer un rôle très important dans la survie des Grands hamsters en plaine d’Alsace. Depuis 2014, plusieurs expérimentations sont menées en plein champs avec des agriculteurs engagés dans le processus. En fonction des cultures, les contraintes ne sont pas les mêmes, que ce soit d’un point de vue agronomique ou faunistique.
- Pour le maïs, la période critique se situe dès la sortie d’hibernation du Grand hamster (en avril) jusqu’au moment où la plante tient un rôle de protection en couvrant le sol (en juin). L’idée est de semer le maïs à travers un autre couvert. Les essais sont encore au stade expérimental, car le maïs est une plante qui n’apprécie guère la concurrence pour l’eau avec d’autres végétaux et nous devons encore apprendre à maîtriser des outils très spécifiques (tel que le strip-till).
- Pour la culture du blé, la phase critique se situe après la moisson, soit à la mi-juillet. Une Culture Intermédiaire « Piège A Nitrate », dite CIPAN, généralement composée de moutarde, d’avoine ou de vesce, est semée après moisson car elle joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pollution en nitrates des eaux superficielles et souterraines.
Photo prise fin septembre, deux parcelles ayant été cultivées toutes deux en blé en 2016. A droite, le CIPAN a été semé 9 jours après moisson
Grand hamster se délectant de feuilles de nyger, plante apportée par le couvert d’interculture, dans la parcelle innovante à Obernai
Le couvert d’interculture représente un véritable intérêt pour le sol et la biodiversité. Le réseau Agrifaune (composé de l’ONCFS, la FNSEA, la Fédération Nationale des Chasseurs et l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture), recommande des couverts d’au moins 2 à 4 espèces (pour en savoir plus). Il est en effet préférable d’opter pour un mélange de plantes car chaque espèce présente un intérêt particulier, agronomique (amélioration de la structure du sol, atténuation du ruissellement ou de l’érosion hivernale) mais aussi faunistique (couvert de protection pour la faune, plantes mellifères…).
Sur les parcelles innovantes de l’expérimentation LIFE ALISTER, le choix s’est porté sur un mélange de 26% d’avoine rude (graminée apportant une source d’énergie et de protéine pour l’élevage des dernières portées notamment), de 26% de trèfle violet et 26% de trèfle incarnat (légumineuses très appétentes pour le hamster, elles permettent également de fixer l’azote dans le sol, et résisteront à l’hiver), de 11% de tournesol (riche en acide linoléique, élément essentiel pour l’hibernation du hamster) ainsi que de 11% de nyger (plante résistante à la sécheresse, ce qui permet d’assurer un couvert en cas de forte chaleur).
Avancer la date du semis du CIPAN ne nécessite pas de techniques agricoles particulières. Sa réussite est certes dépendante de la météo (comme souvent en agriculture), mais cela permet d’apporter rapidement un couvert végétal bénéfique à la faune des champs. C’est pourquoi, l’équipe du projet LIFE Alister recommande fortement de rapprocher le plus possible la date des semis d’interculture de celle des moissons.
Paon du jour sur fleur du tournesol
Machaon sur fleur de trèfle
En septembre 2016, nous avons pu observer de nombreuses espèces d’insectes sur les parcelles expérimentales du LIFE Alister. Rappelons que les insectes pollinisateurs jouent un rôle essentiel pour la préservation de la biodiversité et apportent une contribution écologique ET ECONOMIQUE non négligeable. 80% des plantes cultivées les plus importantes sont entièrement dépendantes des pollinisateurs animaux ! *
* L. Pfiffner and A. Müller, “Abeilles sauvages et pollinisation,” FIBL, Faits et chiffres, p. 8, 2007. / A.-M. Klein, B. E. Vaissière, J. H. Cane, I. Steffan-Dewenter, S. A. Cunningham, C. Kremen, and T. Tscharntke, “Importance of pollinators in changing landscapes for world crops.,” Proc. Biol. Sci., vol. 274, no. 1608, pp. 66, 95–96, 191, 2007.